PROVERBES
SUR
LE MARIAGE
Et dans cette loterie, comme dans les autres, il est très-rare qu'on obtienne un bon lot.
Un proverbe italien dit que l'homme et la femme qui se marient mettent la main dans un sac où sont dix couleuvres et une anguille. D'après cela il y a dix contre un à parier qu'ils n'attraperont pas l'anguille; encore, s'ils viennent à l'attraper, courent-ils grand risque qu'elle leur glisse des mains.
On s'est amusé à démontrer, par un tableau statistique dont je ne garantis pas la vérité, que sur huit cent soixante-douze mille cinq cent soixante-quatre mariages, il faut compter:
1,360 | Femmes qui ont quitté leurs maris pour suivre leurs amants. |
2,361 | Maris qui se sont enfuis pour ne plus vivre avec leurs femmes. |
4,120 | Couples séparés volontairement. |
191,025 | Couples vivant en guerre sous le même toit. |
162,320 | Couples qui se haïssent cordialement, mais qui cachent leur haine sous un extérieur poli. |
510,132 | Couples qui vivent dans une indifférence marquée. |
1,102 | Couples réputés heureux dans le monde, et privés, dans leur intérieur, du bonheur qu'on leur suppose. |
135 | Couples heureux par comparaison à la grande quantité des malheureux. |
9 | Couples véritablement heureux. |
Ce tableau, s'il est exact, prouve que la félicité conjugale est semblable à la félicité céleste, à laquelle tous sont appelés et que très-peu obtiennent.
C'est un triste résultat qui va être mis dans tout son jour par les proverbes que j'ai à rapporter et par les commentaires que j'y ajouterai. Mais je dois avertir préalablement qu'il doit être moins attribué au mariage tel qu'il est de sa propre nature, qu'au mariage faussé et perverti par les vices de la nature humaine.
Cet état est dans l'ordre des lois de Dieu et de la société. Il n'y en a point qui convienne autant aux besoins des deux sexes, qui soit aussi propre à les rendre meilleurs, et je crois fermement que, s'ils y entraient dans les conditions qu'il exige, ils y trouveraient les douceurs d'une tendre amitié, les plaisirs épurés des sens et de la raison; en un mot, tous les agréments qui peuvent embellir l'existence.
«Le mariage, dit Rœderer, ce lien sacré qui forme une unité forte et parfaite de deux existences incomplètes, rend communs à toutes deux les avantages propres à chacune, fait jouir chaque époux des dons différents que les deux sexes ont reçus de la nature, communique à l'un la force, à l'autre la douceur, à l'un la justice de l'esprit, à l'autre la sagacité, ajoute à la conscience de chacun d'eux celle de l'autre; double la force intellectuelle et l'énergie morale de tous deux, et enfin assure aux fruits de leur union un constant accord, une vive émulation de soins, une tradition fidèle des intérêts, des principes, des mœurs, auxquels le bonheur est attaché. Cette institution est le principe de la supériorité de notre civilisation actuelle sur celle de l'antiquité; c'est la plus importante amélioration qu'ait reçue l'espèce humaine, le plus beau présent que la religion chrétienne ait fait aux sociétés modernes, son titre le plus évident et le plus incontestable à leur reconnaissance et à leurs respects.»
Voltaire, dans l'Enfant prodigue, acte II, scène I, a développé ce proverbe dont on exprime aussi l'idée de cette autre manière: Le mariage est ce qu'il y a de meilleur et de pire, formule calquée sur celle dont Ésope se servit pour marquer les avantages et les malheurs que la langue peut produire.
Voici les vers de Voltaire:
Si fort que ceux qu'il lie en sont blessés et gémissent continuellement de ne pouvoir le rompre.—Ce proverbe, qui se trouve parmi les proverbes galliques recueillis dans le quinzième siècle, est bien peu saillant; mais ce qui lui manque sous ce rapport sera compensé par le commentaire que je vais y joindre. Je le tire des paroles que don Quichotte adresse à Sancho Pança. «La femme légitime n'est pas une marchandise qu'on puisse, après l'achat, rendre, échanger ou céder. C'est un accident inséparable qui dure ce que dure la vie; c'est un lien qui, une fois qu'on se l'est mis autour du cou, se transforme en nœud gordien, lequel ne peut plus se détacher, à moins d'être tranché par la faux de la mort.» (Don Quichotte, part. II, ch. XIX.)
On sait que cette opinion du chevalier de la Manche était aussi celle de son écuyer, qui l'exprimait à sa manière par ce joli mot proverbial: Pour peu qu'on soit marié, on l'est beaucoup.
Un proverbe anglais de James Howel dit d'une façon plus originale encore: «In marriage the toung tieth a knott that all the teeth in the head cannot untie afterwards. Dans le mariage la langue forme un nœud que toutes les dents de la bouche ne peuvent jamais défaire.»
Je rapporte ce proverbe tel que Montaigne l'a cité dans un passage de ses Essais, liv. III, ch. V, où il parle de la tempeste de la femme, quand elle se livre aux emportements de la jalousie. On dit aujourd'hui: Pour faire un bon ménage, il faut que le mari soit sourd et la femme aveugle; ce qui peut se passer de commentaire, car il n'est personne qui ne comprenne, sans qu'on le lui explique, combien la surdité d'un mari et la cécité de sa femme seraient propres à empêcher les disputes conjugales, qui viennent presque toujours de ce que la femme a la vue trop perçante pour les désordres du mari, et le mari a l'oreille trop sensible aux criailleries de la femme.
Puisqu'il est reconnu que la paix entre époux ne peut résulter que des infirmités indiquées, ils ne sauraient mieux faire que d'acheter à ce prix un si grand bien. Il n'est pas nécessaire, après tout, qu'ils soient réellement affectés de ces infirmités, mais qu'ils se montrent comme s'ils l'étaient, que l'un s'étoupe les oreilles et que l'autre se mette un bandeau sur les yeux; en d'autres termes, qu'ils soient pleins d'indulgence pour les défauts qu'ils ont à se reprocher. «Il n'y a de bon ménage, écrivait La Fontaine à sa femme, que celui où les conjoints se souffrent mutuellement leurs sottises.»
Ce dicton a donné lieu à l'épigramme suivante, dont il forme la pointe:
Millevoye a reproduit cette vieille plaisanterie dans ce petit dialogue qui lui donne une forme un peu plus piquante:
Il y a presque toujours dans les contrats de mariage des clauses qui sont stipulées dans la prévision où l'un des deux époux viendrait à mourir, et qui règlent, comme des dispositions testamentaires, les droits du survivant sur la succession. De là ce proverbe qui, détourné de son vrai sens, s'emploie dans un sens critique contre le mariage, dont on prétend faire un funèbre épouvantail.
On lit dans la Veuve, comédie de Pierre de Larivey, cette phrase qui paraît avoir été proverbiale: «Fais ton compte que la messe des épousailles t'est une extrême-onction.» (Acte I, sc. III.)
La même idée railleuse se retrouve dans plusieurs locutions, par exemple dans celles-ci, qu'on applique à un nouveau marié: C'est un homme perdu,—un homme mort,—un homme enterré.
Ces locutions figurées, qu'on pourrait croire d'un tour moderne, sont peut-être renouvelées des Grecs. Elles ont du moins beaucoup d'analogie avec cette saillie piquante d'Antiphane le Comique, rapportée par Athénée: «Marié, lui!… Moi qui l'avais laissé si bien portant!»
Proverbe fondé sur une disposition de notre vieille jurisprudence, qui condamnait au supplice de la corde l'homme convaincu d'avoir séduit une fille, bien qu'il eût ensuite réparé sa faute en se mariant avec elle, du consentement de la famille à laquelle il l'avait ravie; car la réparation ne désarmait pas toujours la loi. Ce proverbe n'est point tombé en désuétude, malgré l'abrogation d'une loi si rigoureuse: les mauvais plaisants l'ont conservé, en lui donnant une acceptation nouvelle. Ils l'emploient quelquefois pour signifier que le meilleur mariage est fort sujet à tourner à mal, et que la joie dont les nouveaux époux s'enivrent finit par se changer en un violent désespoir qui les porte à se pendre.
Cette comparaison proverbiale a deux significations: la première, généralement adoptée comme la plus naturelle, est que le mariage commence bien et finit mal; la seconde est qu'il peut donner quelques jours de bonheur aux jeunes gens, mais qu'il ne saurait produire que des malheurs pour les vieillards. C'est ce que me paraît indiquer le passage suivant de la comédie de la Veuve, par Pierre de Larivey, où Ambroise, qui veut se marier, malgré son âge un peu avancé, dit: «J'ai toujours vécu seul, sans compagnie, et par ainsi gardé mon suc en moi-même.» A quoi Léonard répond: «Ce suc sera comme celui du figuier de Bagnolet, dont les premières figues sont bonnes, mais les tardives ne valent rien.» (Act. I, sc. III.)
C'est-à-dire que les personnes qui peuvent tromper le font avec impunité, car il n'y a pas de recours légal contre les tromperies et les fraudes au moyen desquelles le mariage a été conclu. Ce proverbe est rapporté dans les Institutes coutumières de Loisel, dont les éditeurs l'expliquent en ces termes: «Le dol commis à l'égard des biens, de l'âge, de la qualité, de la profession ou de la dignité de ceux qui se marient, n'annule pas l'union.»
Ainsi notre formule proverbiale est l'expression d'une loi qui donne raison aux plus habiles dans ce grand combat de ruses entre les prétendus et les prétendues qui cherchent à faire ensemble, aux dépens de l'un et de l'autre, un de ces traités de mariage dont la dissimulation est le lien et l'intérêt le fondement. Elle peut être regardée comme une sorte de væ victis prononcé contre les dupes. Nous recommandons à ceux qui se marient de s'en souvenir, et à ceux qui sont mariés de l'oublier.
Proverbe emprunté aux Arabes. Dufresny, dans une de ses comédies, en a donné cette variante: «Le pays du mariage a cela de particulier, que les étrangers ont envie de l'habiter, et que les naturels voudraient en être exilés.»
Socrate disait: «Les jeunes gens cherchant à se marier ressemblent aux poissons qui se jouent de la nasse du pêcheur. Tous se pressent pour y entrer, tandis que les malheureux qui sont retenus font tous leurs efforts pour en sortir.»
Montaigne fait une plaisanterie de cette sorte dans un endroit même de ses Essais, où il cherche à rendre au mariage l'honneur qu'il mérite. «Ce qu'il s'en veoid si peu de bons, dit-il, est signe de son prix et de sa valeur. A le bien façonner et à le bien prendre, il n'est point de plus belle piece en nostre société: nous ne nous en pouvons passer et l'allons avilissant. Il en advient ce qui se veoid aux cages: les oyseaux qui en sont dehors desesperent d'y entrer; et d'un pareil soing en sortir, ceux qui sont au dedans.» (Liv. III, chap. V.)
Il y a beaucoup d'autres comparaisons dans lesquelles le mariage est tourné en plaisanterie. Je ne citerai que la suivante: «Le mariage est comme une armée composée d'une avant-garde, d'un corps de bataille et d'une arrière-garde. A l'avant-garde se trouvent les amours, enfants perdus qui périssent au premier choc; au corps de bataille est le sacrement, dont la force résiste à toutes les attaques et tient bon jusqu'à la fin; à l'arrière-garde sont les regrets et les dégoûts, qui semblent se multiplier et devenir plus terribles, tant que l'action reste engagée.»
Cette expression ironique, par laquelle on désigne les contrariétés inhérentes à l'état de mariage, sert de titre à un ouvrage anonyme qui date du milieu du quinzième siècle, et qui est attribué à Antoine la Sale, ingénieux écrivain à qui nous devons le Petit Jehan de Saintré. Le livre des Quinze Joyes de mariage, ainsi nommé par une railleuse antiphrase, offre l'analyse de toutes les déceptions et de toutes les douleurs irrémédiables que peut produire l'union conjugale: la préface en avertit en ces termes: «Celles quinze joyes de mariage sont les plus graves malheuretés qui soient sur terre, auxquelles nulles autres peines, sans incision de membres, ne sont pareilles à continuer.»
«Au bout d'un certain temps, la beauté des femmes perd toute sa force à l'égard de leur mari, telle étant la nature des choses qu'elles ne touchent plus quand on y est accoutumé… Si la beauté fait les conquêtes, ce n'est pas elle qui les conserve. Un mari, qui n'était devenu amoureux que parce que sa maîtresse était belle, ne continue point à être amoureux parce que sa femme continue à être belle. La coutume le rend dur contre cette espèce de charme; il s'avance peu à peu vers l'insensibilité. Les uns y arrivent plus tôt, les autres plus tard; mais enfin on y arrive, et la tendresse qu'on peut conserver, et que l'on conserve en effet assez souvent, se trouve fondée, non sur la beauté, mais sur d'autres qualités. L'expérience fait voir que les maris dont l'amitié est la plus longue et la plus ferme ne sont pas pour l'ordinaire ceux qui ont de belles femmes.» (Bayle, art. Junon.)
On a dit que l'amour pouvait aller au delà du tombeau, mais on n'a jamais dit qu'il pût aller au delà du mariage.
Euripide a dit, dans une de ses tragédies: «Le lit nuptial est funeste à l'homme et à la femme.» Ce lit, en effet, est comme un bûcher funèbre où leur amour se réduit bientôt en cendres.
On connaît ce distique proverbial:
et cette pensée ingénieuse de Chamfort: «L'hymen vient après l'amour comme la fumée après la flamme.»
Lord Byron a dit plus ingénieusement encore: «L'amour et le mariage peuvent rarement se combiner, quoiqu'ils soient nés tous deux sous le même climat; le mariage, de l'amour comme le vinaigre du vin, triste, acide et froid breuvage que le temps aigrit, et dont il abaisse l'arome à la saveur vulgaire d'une boisson de ménage.»
C'est dire assez spirituellement que l'union conjugale est la tribulation des justes mêmes.
«Un homme déclamait l'autre jour contre le mariage, et s'écriait: Voyez ce que c'est que le mariage; songez que le bon Dieu a été obligé d'en ôter le péché mortel. Il a donc mis en équilibre dans la balance l'enfer et le mariage; encore l'enfer a paru plus léger.» (L'abbé Galiani.)
Cette comparaison entre l'enfer et le mariage a beaucoup plu aux écrivains de la fin du moyen âge, qui se sont ingéniés à le reproduire sous des formes diverses dans une foule d'épigrammes plus ou moins plaisantes. En voici une d'Owen fondée sur ce que, en latin, le mot uxor (épouse), où la lettre x est, comme on sait, l'équivalent des lettres c et s, offre l'anagramme du mot orcus (enfer).
Ce qui signifie, en rendant le sens et non l'expression, qui est intraduisible en français: «Quiconque est tombé dans le piége conjugal est tombé dans l'enfer, car épouse et enfer sont la même chose.»
C'est bien là certainement un de ces traits qui constituent ce que les Romains appelaient nugæ difficiles; et, quand on considère l'exercice laborieux, le grand effort d'imaginative auquel a dû se livrer l'épigrammatiste pour produire un résultat si saugrenu, on est tenté de lui adresser cette apostrophe originale du fin railleur maître François: «O Jupiter, vous en suâtes d'ahan, et de votre sueur tombant en terre naquirent les choux cabus.»
Allusion à divers passages de plusieurs Pères de l'Église, qui regardaient le mariage comme moins propre que le célibat à la sanctification, et disaient que, si «noces remplissent la terre, la virginité remplit le ciel.» Nuptiæ replent terram, virginitas replet paradisum. (S. Hieronim., lib. I., in Jovinien.) Ce qui a donné lieu à Pascal de placer le mariage dans les basses conditions du christianisme.
Owen a tiré du mot de saint Jérôme ce distique épigrammatique:
Il y a dans le ciel beaucoup d'amour et point de mariage: sur la terre il y a beaucoup de mariages et point d'amour.
On demandait au poëte anglais Prior pourquoi il n'y avait point de mariage dans le paradis. «C'est, répondit-il, parce qu'il n'y a point de paradis dans le mariage.»
Proverbe pris du premier article du Code d'amour: «Causa conjugii ab amore non est excusatio recta. Le mariage n'est pas une excuse légitime contre l'amour.» C'est-à-dire, si je ne me trompe, qu'on ne peut se dispenser d'avoir une maîtresse ou un amant, sous prétexte qu'on a une épouse ou un mari. C'est l'expression des mœurs qui régnaient à l'époque des troubadours. Ces poëtes avaient érigé l'amour en devoir: ils le proclamaient comme plus obligatoire que le mariage et comme ne pouvant exister que hors du mariage. Cet amour, purement platonique dans le principe, cessa bientôt de l'être et donna lieu à un usage immoral assez répandu chez les hauts personnages, d'avoir à la fois une épouse et une concubine, l'une pour la souche et l'autre pour la couche.
André le Chapelain nous a conservé la décision curieuse d'une cour d'amour présidée par la comtesse de Champagne, sur la question qui lui avait été soumise: «Utrum inter conjugatos amor possit habere locum? L'amour peut-il exister entre personnes mariées?» Voici cette décision: «Nous disons et assurons par la teneur des présentes que l'amour ne peut étendre ses droits sur deux personnes mariées. En effet, les amants s'accordent tout mutuellement et gratuitement sans être contraints par aucun motif de nécessité; tandis que les époux sont tenus par devoir de subir réciproquement leurs volontés, et de ne se refuser rien les uns aux autres… Que ce jugement que nous avons rendu avec une extrême prudence (cum nimia moderatione prolatum) et d'après l'avis d'un grand nombre de dames, soit pour vous d'une vérité constante et irréfragable. Ainsi jugé, l'an 1174, le 3 des calendes de mai.»
C'est mariage du bon Dieu.
Mariage assorti comme celui par lequel Dieu unit Adam et Ève dans le paradis terrestre. On sait que fieu est un vieux mot qui veut dire fils ou garçon.
Mariage de Notre-Dame.
Mariage semblable à celui de la Sainte Vierge avec saint Joseph, qui était, à ce qu'on croit, d'un âge avancé. Ce proverbe s'adresse à une jeune innocente soit pour lui conseiller, soit pour la consoler de s'unir à un vieux mari.
C'est mariage du démon.
Mariage où le démon seul peut trouver son compte. Il n'est pas besoin de faire observer que c'est la vieille femme qui, dans ce proverbe, est signalée comme le démon lui-même.
Ce proverbe, où la glose est jointe au texte, a tiré son origine de la fauconnerie. Il s'emploie en parlant d'un couple conjugal dans lequel la femme est supérieure au mari, parce que la femelle de l'épervier l'emporte sur le mâle en force et en grosseur. Ce phénomène existe généralement chez les oiseaux de proie.
Les Anglais ont ce proverbe qu'ils emploient dans le même sens: «The grey mare is the better horse. La jument grise est le meilleur cheval.»
Conjonction matrimoniale qui, n'étant sanctionnée ni par la loi civile, ni par la loi religieuse, est sujette à se rompre aussitôt qu'elle est formée. Jean des Vignes est une altération de Gens des Vignes, et l'expression rappelle ces unions illicites qui se font entre les vendangeurs et les vendangeuses de diverses localités, et qui ne durent que le temps de la vendange.
C'est à peu près ce qu'on a nommé mariage du treizième arrondissement, mariage fait sans M. le maire et sans M. le curé, personnages inconnus dans ce treizième arrondissement ajouté fictivement, comme on sait, aux douze dont se composait la ville de Paris avant l'annexion des communes suburbaines.
Il faut rapprocher de ces deux expressions proverbiales la vieille maxime de droit coutumier:
Le savant auteur de la Symbolique du droit, M. Chassan, rapportant cette maxime, l'explique ainsi: «Il ne faut pas la prendre à la lettre, en ce sens qu'il suffirait à une femme de passer la nuit avec un homme pour se dire mariée. Elle est relative à l'exécution du mariage qui couvre les irrégularités de la célébration. Aussi Loisel a-t-il eu soin d'ajouter: Mais il faut que l'Église y passe (Inst., liv. I, tit. II, règle 6). Ainsi entendue, la maxime peut encore aujourd'hui recevoir son application.»
C'est encore une variété matrimoniale plus curieuse que celles dont il est question dans l'article précédent. Voici en quoi elle consiste: lorsque les bohêmes, c'est-à-dire ces aventuriers basanés qui courent le pays en volant les poules et disant la bonne aventure, veulent marier un garçon et une fille de leur caste, ils les conduisent dans un vallon retiré qu'ils nomment le vallon des fiançailles, et là, pour toute cérémonie, les deux futurs prennent entre leurs mains un pot de grès qu'ils jettent contre terre, après avoir déclaré qu'ils consentent à vivre comme mari et femme autant d'années que la fracture du pot produira de morceaux; ensuite ils ramassent les tessons, dont ils constatent le nombre, et dès lors les voilà complétement unis jusqu'au dernier jour de ce mariage temporaire. Ce terme expiré, ils sont libres de se séparer, de convoler ailleurs ou de renouveler leur premier engagement. Mais on assure qu'il y en a très-peu qui prennent ce dernier parti, et qu'en le prenant ils s'arrangent de manière à ne pas être obligés trop longtemps de payer les pots cassés.
C'est ce que dit un jour un plaisant qui regardait les Sept Sacrements de Nicolas Poussin, quand il en vint à examiner le tableau du Mariage, plus faible que les autres, et le mot passa en proverbe.
Mais pourquoi un bon mariage est-il si difficile à faire?—Il faudrait, pour le dire, exposer tant de raisons, rappeler tant de faits, entrer dans tant de détails, que je serais obligé d'ajouter un second tome à ce petit livre, ce qui serait fort déplaisant pour les lecteurs qui auraient été tentés d'y jeter un coup d'œil par curiosité, dans leurs moments perdus. Qu'on me permette donc de ne pas traiter la question. Si l'on désire en avoir au long la réponse, qu'on interroge certains mal-mariés, qui sont assez disposés à faire le récit de leurs infortunes, ou bien qu'on examine avec quelle légèreté, quelle irréflexion, quelle imprévoyance, se forment les unions conjugales, surtout en France, où l'on se marie plus vite qu'en tout autre pays, soit par le désir de terminer sans retard cette affaire de pure spéculation, soit par l'effet de l'impatience qui compose en quelque sorte le fond du caractère français. Cet examen suffira pour faire comprendre combien il est difficile que les parties contractantes, qui s'accordent sans se connaître, ne soient pas en désaccord dès qu'elles se connaissent, et qu'après s'être prises pour ce qu'elles ne sont pas, elles n'en viennent point à se quitter pour ce qu'elles sont.
La spéculation matrimoniale est la principale source d'où découlent les malheurs des conjoints. Je citerai sur ce sujet quelques phrases détachées d'un article plein de bon sens et d'esprit publié dans le journal le Siècle, no du 11 décembre 1859, par M. Edmond Texier, et les lecteurs m'en sauront gré.
«Les pères de famille, dit cet ingénieux écrivain, ont parlé à leurs enfants le langage de la raison. Ils leur ont dit que l'amour est un enfantillage, le sentiment une faiblesse, et ils ont inventé cette magnifique spéculation qui s'appelle le mariage d'argent. Le mariage d'argent a tellement réussi qu'on n'en voit point d'autre aujourd'hui. On n'épouse plus ni un cœur, ni un esprit, ni une femme. On se marie avec une dot, et c'est l'union des dots qui a créé le demi-monde. Ce monde-là a eu sa raison d'être le jour où le prêtre a béni les serments de deux coffres-forts. La beauté, la grâce, l'éducation, la vertu même, tout cela ne pèse pas une demi-once dans le plateau de la balance conjugale. Le mariage, tel qu'on le traite de nos jours, est le principal pourvoyeur de ces dames (les courtisanes). Le demi-monde pousse à l'ombre du mariage d'argent comme la mousse à l'ombre des grands arbres. Ceci a engendré cela. C'est sur le fumier du mariage d'argent qu'a poussé le champignon du demi-monde. C'est là, et non ailleurs, qu'il faut aller déterrer la comédie d'aujourd'hui.»
«Le mariage, dit Bayle, fait rentrer au port de l'honneur, il y répare les vieilles brèches, il donne la qualité de légitimes à des enfants qui ne la possédaient pas. Je ne dis rien du voile épais dont il peut couvrir les nouvelles brèches, les fautes courantes et le péché quotidien.»
Ce proverbe s'applique particulièrement aux hommes et aux femmes que le résultat qu'il énonce vient absoudre des galanteries et des désordres de leur vie antérieure. Il sert quelquefois de devise aux dissipateurs qui continuent à faire des dettes en se flattant d'épouser quelque riche héritière dont la dot comblera leur déficit.
On dit aussi: Le mariage est une planche après le naufrage, pour exprimer les mêmes idées. Mais on a remarqué avec esprit et raison que s'il fait trouver un port dans la tempête, il peut également faire trouver une tempête dans le port.
Les mariages d'inclination, surtout ceux qui se font entre des personnes de condition inégale et contre le gré des parents, offrent peu de chances d'être heureux. Ils peuvent bien aller pendant quelques jours, c'est-à-dire dans le temps fort court où la passion aveugle sous laquelle ils ont été contractés conserve toute sa force; mais à mesure qu'elle s'affaiblit, les écailles tombent des yeux des époux, et chacun aperçoit de tristes réalités, au lieu des séduisantes idéalités qu'il s'était formées; la femme gémit de n'être pas reçue chez les parents de son mari, et d'être privée par suite de la considération et de l'estime qu'elle se croit en droit d'exiger d'eux; le mari se trouve déplacé dans la famille de sa femme, et il lui reproche son peu de distinction. Le mari supporte difficilement les observations d'une belle-mère acariâtre et d'un beau-père intéressé; puis les défauts des conjoints, que la passion avait voilés, apparaissent dans leur désolante nudité. Les récriminations commencent de part et d'autre et deviennent plus amères par la contradiction. Ils se font des reproches mutuels; les parents de la femme prennent parti pour elle. Pour peu que l'aisance vienne à disparaître du ménage la discorde est à son comble. On pourrait, en présence de tous ces inconvénients, dire que rien n'est terrible dans le mariage comme le paupérisme et le beaupérisme.
Cette maxime est attribuée par les anciens tantôt à Pittacus, tantôt à Cléobule, qui recommandaient tous deux de se marier selon sa condition. Le dernier disait pour raison: «Si vous épousez une femme d'une naissance plus relevée que la vôtre, vous aurez autant de maîtres qu'elle aura de parents;» vérité dont la démonstration a été donnée dans le Dolopatos, dans plusieurs fabliaux de nos trouvères, dans deux contes de Boccace, et dans le Georges Dandin de Molière.
Le poëte Eschyle admirait ce proverbe. Voici l'éloge qu'il en a fait dans son Prométhée enchaîné, scène VI: «Qu'il était sage, qu'il était sage, celui qui le premier conçut dans sa pensée, qui le premier fit entendre cette maxime au monde: C'est entre égaux qu'il faut s'allier! C'est là qu'est le bonheur. Jamais d'hymen entre le riche fastueux, entre le noble fier de sa race et le pauvre artisan… L'hymen entre égaux n'offre point de péril, et n'a rien qui m'épouvante.»
Les Hébreux disent qu'il faut descendre un degré pour prendre une femme, et en monter un pour faire un ami, afin que celui-ci nous protége et que l'autre nous obéisse.
Ce proverbe, dont la signification est que les mariages sont souvent imprévus et semblent dépendre de la destinée plutôt que des calculs humains, figurait dans notre vieux droit coutumier en ces termes rapportés par Loisel: Les mariages se font au ciel et se consomment sur la terre. Il avait été primitivement consigné dans un de ces formulaires de pratique mis en rimes latines dans le huitième et le neuvième siècle. C'est de là probablement qu'il est passé chez les Allemands, les Italiens, les Espagnols et les Anglais, etc. Ces derniers y ont fait une variante qui associe le nœud conjugal à celui qui serre le cou d'un pendu: «Marriage and hanging go by destiny. Mariage et pendaison vont au gré de la destinée.»
Je ne sais s'il est vrai que les mariages soient écrits dans le ciel, mais il est sûr qu'il y en a beaucoup sur lesquels le diable a de bonnes hypothèques.
On connaît ce mot d'une donzelle dépitée de voir les épouseurs échapper à ses galanteries: «Vous verrez que si les mariages sont écrits dans le ciel, le mien se trouvera au dernier feuillet.» Une autre, après la mort de son père, qui avait toujours refusé de la marier, quoiqu'elle en eût grande envie, s'écriait: «Dieu veuille que mon père ne voie point là-haut le registre où mon mariage est inscrit! il serait capable de déchirer la page.»
Ou bien année d'enfants. Voici l'explication que j'ai donnée dans mes Études historiques, littéraires et morales sur les proverbes français et sur le langage proverbial.—Le fruit que la noisette renferme sous une double enveloppe a été regardé comme l'image de l'enfant dans le sein de sa mère, et l'on a conclu de cette similitude que les années abondantes en noisettes devaient l'être aussi en mariages ou en enfants. C'est de ce préjugé fort ancien, et non, comme on pourrait le croire, des rendez-vous donnés sous la coudrette ou la coudraie, qu'est né le dicton usité parmi les gens de la campagne et rappelé par A.-A. Monteil dans la phrase suivante de l'Histoire des Français des divers États (seizième siècle): «Vous savez que c'est l'année des noisettes: tout le monde se marie; sans plus attendre, mademoiselle, marions-nous.»
Il faut attribuer à la même cause l'usage antique de répandre des noix aux cérémonies nuptiales, usage qui n'avait pas pour but de marquer, ainsi qu'on l'a prétendu, que l'époux renonçait aux amusements futiles et ne songeait plus qu'aux graves devoirs de son nouvel état, mais d'exprimer un vœu pour la fécondité de l'épouse, car la noix présentait le même symbole que la noisette. C'est ce que dit formellement Pline le naturaliste, liv. XXV, chap. XXIV. Festus assure également, au mot Nuces, que les noix étaient jetées, pendant les noces, en signe de bon présage pour la mariée: Ut novæ nuptæ intranti domum novi mariti auspicium fiat secundum et solistimum.
Cela avait lieu au moyen âge comme dans l'antiquité. De plus, on déposait alors auprès du lit nuptial une corbeille pleine de noisettes qu'on avait fait bénir par un prêtre.
Il est resté quelque chose d'un tel usage dans ce qui se pratique aux noces villageoises, où l'on a soin de placer sur la table en face des mariés un plat de dragées, lesquelles ne sont, comme on sait, que des noisettes ou des amandes dont l'enveloppe a été remplacée par une couche de sucre glacé. C'est d'après une analogie du même genre qu'à l'occasion du baptême des enfants on distribue des boîtes de dragées aux amies, et qu'on jette des poignées de dragées à la foule des curieux. Il est évident que ces dragées marquent dans le mariage un souhait pour qu'il soit fécond, et, dans le baptême, une manifestation de la joie inspirée par l'heureux accomplissement de ce souhait.
On jetait aussi, au moyen âge, des grains de blé, comme on le voit dans plusieurs relations de cette époque, notamment dans le Romancero du Cid, dont la quatorzième romance décrit les réjouissances qui eurent lieu aux noces du héros castillan. Voici de quelle manière naïve cette romance s'exprime: «Tant il en est jeté par les fenêtres et les grilles, que le roi en porte sur son bonnet qui est large des bords une grande poignée. La modeste Chimène en reçoit mille grains dans sa gorgerette, et le roi les retire à mesure.»
Plusieurs peuples de notre temps répandent encore des noix, des noisettes, des amandes, des fruits à noyau et des grains, pendant la cérémonie du mariage, comme emblèmes de la fécondité qui doit en résulter. Le fait a lieu assez souvent en Russie et en Valachie, il est également fréquent dans quelques villages de la Corse. Il se produit chez les Israélites de plusieurs endroits de la France et de l'Allemagne avec une circonstance digne de remarque: c'est que, dans le moment où ils font pleuvoir du froment sur le couple conjugal, ils ne manquent pas de prononcer en hébreu les paroles bibliques croissez et multipliez, qui ne permettent pas de garder le moindre doute sur le sens qu'on doit attacher à cette coutume symbolique.
Ce proverbe dialogué, qui se trouve sous la même formule en Espagne et en d'autres pays, nous est venu des Provençaux, à qui l'on peut, d'après de grandes probabilités, en attribuer l'invention. Il exprime très-bien les trois principaux résultats du mariage pour les pauvres femmes du peuple; car ce sont elles surtout qui ont à souffrir les tribulations de cet état. Voyez avec quelle dureté elles sont traitées dans toutes les parties du monde.
Don Ulloa dit dans son Mémoire sur la découverte de l'Amérique: «Les peuples de ce continent ont été peu attachés à leurs femmes, qu'ils traitent encore comme des esclaves. Aussi ne le sentent-elles que trop. Il y a même des nations chez lesquelles deux vieilles femmes accompagnent la future épouse, le jour de son mariage, en pleurant réellement, se lamentant et lui criant sans cesse: «Que vas-tu faire? tu vas te précipiter dans le plus grand malheur;» c'est cet état insupportable qui les décide souvent à étouffer leurs filles en naissant pour les préserver d'être aussi malheureuses qu'elles. La fatigue que les jeunes femmes ont à essuyer, grosses ou non, pour suivre leurs maris à la chasse, à la pêche, préparer le manger et le boire, avoir soin des enfants dont les pères ne s'occupent guère, et diverses autres malheureuses circonstances font du mariage chez la plupart de ces nations un supplice affreux.»
Leur sort n'est pas meilleur en Asie et en Afrique, où règne la loi de Mahomet, qui est si dure pour elles. On sait à quelle triste captivité elles y sont réduites sous le régime de la polygamie, et avec quelle dureté elles sont traitées par leurs seigneurs et maîtres, pour lesquels elles ne sont, en quelque sorte, que des animaux domestiques.
Ce n'est guère que dans l'Europe chrétienne qu'elles jouissent de la liberté, et qu'elles sont regardées comme les compagnes de l'homme: encore les priviléges que ce titre leur donne n'existent-ils réellement que pour celles d'un certain rang.
Les trois situations que je viens d'indiquer ont été fort bien résumées par Sénac de Meilhan dans cette phrase remarquable: «La femme, chez les sauvages, est une bête de somme; en Orient, un meuble; en Europe, un enfant gâté.»
Proverbe pris de la réponse que fit Thalès à sa mère Cléobuline qui le pressait d'accepter un parti avantageux: «Ma mère, quand on est jeune, il n'est pas temps de se marier; quand on est vieux, il est trop tard; et un homme entre deux âges n'a pas assez de loisir pour se choisir une épouse.»
Ce mot considéré comme plaisanterie est assez bon, mais pris au sérieux il ne saurait être approuvé. Le célibat qu'il conseille produit des résultats plus déplorables que le mariage. Si celui-ci a des contrariétés et des ennuis, l'autre n'en manque pas, et de plus il est livré à une foule de vices qui blessent les lois de la morale et minent les fondements de la société. «A Dieu ne plaise, dit Montesquieu à ce sujet, que je parle contre le célibat qu'a adopté la religion! Mais qui pourrait se taire contre celui qu'a formé le libertinage, celui où les deux sexes, se corrompant par les sentiments naturels mêmes, fuient une union qui doit les rendre meilleurs pour vivre dans celle qui les rend toujours pires?
«C'est une règle tirée de la nature que plus on diminue le nombre des mariages qui pourraient se faire, plus on corrompt ceux qui sont faits; moins il y a de gens mariés, moins il y a de fidélité dans les mariages, comme lorsqu'il y a plus de voleurs il y a plus de vols.» (Esprit des lois, liv. XXIII, ch. XXI, à la fin.)
Ajoutons qu'il est fort rare de rencontrer un célibataire devenu vieux qui ne gémisse de son état. Il n'y a point pour lui de famille; il achève ses tristes jours dans une sorte de séquestration, sous la garde incommode de quelque collatéral avide ou de quelque servante-maîtresse dont l'unique pensée est d'accaparer son héritage.
Le proverbe est très-bien réfuté par les observations qu'on vient de lire. Il l'est de même par cette phrase du chancelier Bacon qui présente une belle triade proverbiale: «A tout âge on a des raisons de se marier, car les femmes sont nos maîtresses dans la jeunesse, nos compagnes dans l'âge mûr, et nos nourrices dans la vieillesse.»
Je citerai à propos de ce proverbe un passage curieux extrait du commentaire plein d'érudition et d'élégance sur les œuvres de Coquillart par M. Charles d'Héricault: «Trop tost marié et Trop tard marié étaient deux types des maris malheureux. Leurs infortunes furent soigneusement racontées dans ce cycle de poésies contre la femme, qui compose presque toute la littérature des derniers temps du moyen âge. Il existe une pièce sur Trop tost marié, Gringoire a fait la complainte de Trop tard marié, et l'on peut voir la résolution de Ny trop tost ny tard marié dans les Anciens poëtes françoys, tome III, page 129.»
Cette résolution est une pièce de vers dans laquelle son auteur anonyme énumère les malheurs des sots qui se sont trop pressés ou ont trop différé de s'enrôler dans la grande confrérie matrimoniale, et décrit les délices dont il s'enivre avec sa jeune compagne, qu'il a eu l'esprit de prendre en temps opportun. Mais il ne dit point précisément à quel âge il a contracté cette union. C'est probablement entre la trentième et la trente-cinquième année, conformément à l'usage assez généralement observé vers la fin du quatorzième siècle.
Platon, au livre VI de la République, avait prescrit de se marier dans cet intervalle, qui se conciliait fort bien avec le précepte d'Hésiode: «L'âge de trente ans convient pour l'union conjugale.» (Jours et Œuvres, chap. II.) Mais Aristote, dans sa Politique, VII, XVI, conseillait d'attendre jusqu'à trente-sept ans.
J.-J. Rousseau, dans son Projet de constitution pour la Corse, prive du droit de cité tout homme qui n'est point marié à l'âge de quarante ans révolus.
On trouve dans les Conseils et Maximes de Panard, ce sixain qui revient à notre proverbe: