Soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face Histoire d'une âme écrite par elle-même



Je chanterai éternellement les miséricordes du Seigneur.

Armoiries de Jésus et de Thérèse[267].

Naissance: 2 janvier 1873.—Baptême: 4 janvier 1873.—Sourire de la sainte Vierge: 10 mai 1883.—Première Communion: 8 mai 1884.—Confirmation: 14 juin 1884.—Conversion: 25 décembre 1886.—Audience de Léon XIII: 20 novembre 1887.—Entrée au Carmel: 9 avril 1888.—Prise d'Habit: 10 janvier 1889.—Profession: 8 septembre 1890.—Prise de Voile: 24 septembre 1890.—Offrande de moi-même à l'Amour: 9 juin 1895.



EXPLICATION DES ARMOIRIES

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Le blason J.H.S. est celui que Jésus a daigné apporter en dot à sa pauvre petite épouse, l'appelant Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face. Ce sont là ses titres de noblesse, sa richesse et son espérance.—La vigne qui sépare le blason est encore la figure de Celui qui daigna nous dire: «Je suis la vigne et vous êtes les branches; je veux que vous me rapportiez beaucoup de fruit[268].» Les deux rameaux, entourant l'un la Sainte Face, l'autre le petit Jésus, sont l'image de Thérèse qui n'a qu'un désir ici-bas, celui de s'offrir comme une petite grappe de raisin pour rafraîchir Jésus-Enfant, l'amuser, se laisser presser par lui au gré de ses caprices... et puis étancher aussi la soif ardente qu'il ressentit pendant sa Passion. La harpe représente encore Thérèse qui veut chanter sans cesse à Jésus des mélodies d'amour.

Le blason FMT est celui de Marie-Françoise-Thérèse, la petite fleur de la sainte Vierge; aussi cette petite fleur est-elle représentée recevant les rayons bienfaisants de la douce Etoile du matin.—La terre verdoyante, c'est la famille bénie au sein de laquelle la fleurette a grandi. Plus loin se voit la montagne du Carmel, où Thérèse figure en ses armoiries le dard enflammé de l'amour qui doit lui mériter la palme du martyre. Mais elle n'oublie pas qu'elle n'est qu'un faible roseau; aussi l'a-t-elle placé sur son blason. Le triangle lumineux représente l'adorable Trinité qui ne cesse de répandre ses dons inestimables sur l'âme de la petite Thérèse; aussi, dans sa reconnaissance, n'oubliera-t-elle jamais cette devise:

«L'amour ne se paie que par l'amour.»

Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face.

QUELQUES-UNES

Des Grâces et Guérisons

ATTRIBUÉES A L'INTERCESSION

DE LA SERVANTE DE DIEU

THÉRÈSE DE L'ENFANT-JÉSUS

ET DE LA SAINTE FACE

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Récit de son exhumation.

Bayeux, le 4 janvier 1911.

Nous, Evêque de Bayeux, sur le rapport qui Nous a été fait, autorisons d'imprimer en appendice à la Vie de Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus écrite par elle-même, la relation des grâces et guérisons attribuées à l'intercession de la Servante de Dieu et publiée sous le titre: Pluie de Roses.

Nous autorisons pareillement l'adjonction du récit qui Nous a été soumis de l'exhumation des restes de la Servante de Dieu, au cimetière de Lisieux.

Thomas, Ev. de Bayeux et Lisieux.

AVERTISSEMENT

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Ces pages ne sont pas destinées à publier tous les bienfaits de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, mais seulement à en désigner quelques-uns à l'attention du pieux lecteur.

Les faveurs de tout genre attribuées à son intercession se multiplient d'une manière toujours plus rapide et plus universelle, comme on le verra dans ce premier recueil et dans un second opuscule: Pluie de Roses, II.

Ce second opuscule, contrairement à celui-ci, ne peut trouver place à la fin de l'«Histoire d'une ame».


Il ne sera parlé qu'incidemment des parfums. Les personnes qui ont été favorisées de ces émanations mystérieuses sont en très grand nombre. Il ne se passe guère de jour sans qu'il en soit question dans le volumineux courrier concernant la Servante de Dieu. Sur sa tombe et dans l'intérieur de son monastère les mêmes manifestations ne cessent de se produire.

Pluie de Roses.

I

Je veux passer mon Ciel a faire du bien sur la terre.
Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses.

(Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.)

1.

Monastère des Carmes Déchaussés, Wadourie,
        Autriche (Gallicie), 9 octobre 1902.

Réparation.

Très Révérende Mère,

L'inscription placée en tête de cette lettre indique mon devoir de réparer une faute commise par moi envers votre petite sainte, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Il y a deux ou trois ans, quand on me présenta le manuscrit, avec traduction en langue polonaise de la vie de cette petite fleur du Carmel, je me suis permis de faire la remarque que la langue de notre pays ne sied aucunement au style de l'original, et que la lecture ne causerait que du dégoût. C'était comme mettre un frein à l'apostolat de cette élue de Dieu. Elle a dû prendre cela à cœur; et, en revanche, non seulement a su agir de manière que la dite traduction fût mise au jour, mais, de plus, s'est prise directement à ma personne.

Il y a une huitaine de jours, je suis rentré à la cellule, l'âme toute ballottée par les flots d'une mer orageuse de peines intérieures, et ne sachant où trouver refuge pour s'abriter. Voilà que mon regard s'arrête sur le livre français de la vie de la sœur vengeresse... Je l'ouvre, et je tombe sur la poésie: «Vivre d'amour

Soudain, l'orage s'apaise, le calme revient, quelque chose d'ineffable envahit tout mon être et me transforme de fond en comble. Ce cantique fut donc pour moi la barque de sauvetage: l'aimable sœur s'étant offerte pour pilote.

Je dois donc constater aujourd'hui que la promesse: «Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre... Après ma mort, je ferai tomber une pluie de roses», s'est réalisée en vérité.

Fr. Raphael de St-Joseph, Carm. Déch.,
Vicaire-Provincial
.

(Le R. P. Raphaël Kalinowski mourut en odeur de sainteté, en l'année 1907. Sa cause de béatification est soumise à la sainte Eglise.)


2.

Marnes-la-Coquette (Seine-et-Oise), 10 novembre 1902.

Mme Héloïse Debossu, habitant à Reims, actuellement 9, rue Luiquet, et précédemment 5, avenue de Laon, souffrait depuis une dizaine d'années d'une tumeur fibreuse, située du côté gauche, un peu au-dessous des côtes. De nombreux médecins consultés réclamaient avec instance une opération, devenant chaque jour plus urgente. La malade ne voulut jamais y consentir. En désespoir de cause, elle fut soumise à divers traitements de massage et d'électricité qui ne lui procurèrent qu'un soulagement très passager. Au mois de janvier 1901, son état s'aggrava tellement qu'elle dut garder la chambre et même le lit à peu près continuellement. La maigreur et les souffrances étaient devenues effrayantes. Au mois de septembre, une péritonite venait même de se déclarer. C'est alors que, désespérant du côté de la terre, j'envoyai à la pauvre malade un sachet de cheveux de la chère et vénérée petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, en l'engageant à s'unir à une neuvaine que j'allais demander à votre Carmel. Le résultat ne se fit pas attendre. Le dernier jour de la neuvaine, la malade, guérie de sa tumeur, pouvait se rendre à sa paroisse et y faire la sainte communion en action de grâces. Depuis, ses forces n'ont fait qu'aller en augmentant. Sa figure annonce une santé parfaite, et sa maigreur a fait place à un embonpoint et à une fraîcheur de teint qui ne laissent aucun doute sur sa guérison. Tous ceux qui connaissent cette personne, qui l'ont vue si malade et si désespérée, s'accordent à proclamer la chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus comme l'agent merveilleux de sa guérison.

Voilà, ma Révérende Mère, simplement, sans phrases et sans exagération, l'entière et sincère vérité. Aussi, impossible de vous dire la reconnaissance de Mme Debossu pour son incomparable bienfaitrice.

Cinq ans après: 23 février 1907.

Je soussigné certifie que Mme Héloïse Debossu, née Dauphinot, qui fut guérie à la suite d'une neuvaine faite à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face, décédée au Carmel de Lisieux en 1897, a continué depuis 1902 à jouir d'une excellente santé et qu'elle demeure convaincue que sa guérison, aussi prompte que complète, est due entièrement et uniquement à l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face. Les médecins l'avaient condamnée et, même avec une opération, ne répondaient pas de sa guérison. Elle n'a pas été opérée et, à la fin de la neuvaine, elle qui gardait le lit depuis de longs mois, elle allait à pied communier à l'église de sa paroisse.

En foi de quoi, je signe la présente attestation.

L'abbé D. Petit,
Ancien directeur du Séminaire de Versailles,
actuellement curé de Marnes-la-Coquette
[269].


3.

Marnes-la-Coquette (Seine-et-Oise), 23 janvier 1903.

Une dame Jouanne, mariée à un jardinier, et mère de deux enfants dont l'aîné a dix ans, eut à subir, il y a plus d'un an, une opération pour une double hernie étranglée. Elle faillit y laisser la vie. Depuis elle pouvait à peine se traîner, et sa maigreur était extrême. Il y a trois semaines environ, cette femme est retombée gravement malade d'une appendicite compliquée d'une péritonite complète. Les médecins déclarent qu'elle est perdue. Un matin de la semaine dernière, le mari se précipite chez moi: «Venez vite, Monsieur le Curé, elle se meurt.» Un grand chirurgien de Paris, celui-là même qui précédemment l'avait opérée de sa double hernie, appelé par son confrère de Ville-d'Avray, était venu la veille pour tenter une opération. La malade avait été endormie. On lui ouvre le ventre, mais on se trouve en présence de tels abcès et de pus répandu, que vite on renonce à toute opération et qu'après quelques points de suture, pour rejoindre tant bien que mal les bords de la plaie, on déclare qu'elle n'a plus que quelques heures à vivre, un jour ou deux tout au plus.

J'arrive promptement. La malade ne pouvait plus parler, avait le teint cadavérique, était glacée et semblait ne plus avoir qu'un souffle. Elle gardait cependant sa connaissance. Je lui adresse du fond du cœur quelques mots, je lui recommande de se mettre intérieurement sous la protection de notre bien-aimée petite Thérèse, puis je lui donne l'absolution et l'indulgence de la bonne mort. J'avais oublié les Saintes Huiles, peut-être par une permission de Dieu.

La religieuse qui était près d'elle déclarait qu'elle baissait de minute en minute. Alors je glisse, en la prévenant, sous le traversin de la malade, un sachet renfermant des feuilles de roses dont Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus avait caressé son crucifix.

Le même jour, les vomissements, qui depuis six jours étaient continuels, cessaient entièrement; le surlendemain, les médecins déclaraient qu'elle était hors de danger et lui permettaient des aliments. Cinq jours après, le mari venait me dire et la joie de la malade et toute sa reconnaissance pour la chère petite sainte.

Vous le voyez, ma Révérende Mère, un rien qu'a touché cet ange a une valeur et une vertu inexprimables...


Du même, 23 juillet 1907.

M{me} Jouanne, femme du jardinier, guérie miraculeusement, il y a près de cinq ans, par S{r} Thérèse de l'Enfant-Jésus, n'habite plus depuis longtemps déjà ma paroisse; elle demeure actuellement à Versailles. Je l'ai revue plusieurs fois en parfaite santé; elle conserve pour notre chère petite sainte la plus vive et la plus durable reconnaissance. Comme moi, elle attribue uniquement sa guérison si surprenante, si éclatante et si subite à la relique de S{r} Thérèse. Tous les détails que je vous ai donnés au moment de sa guérison sont de la plus exacte vérité et je les confirme de nouveau en son nom et au mien par la présente.

L'abbé D. Petit,
Curé de Marnes-la-Coquette.


4.

T. (Morbihan), 28 mai 1903.

Que je l'aime, cette petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus! Combien de fois n'est-elle pas venue à mon secours dans les luttes acharnées, et pour ainsi dire corps à corps, que me livre l'enfer contre la sainte vertu! Je ne puis les nombrer. Hélas! ma bonne Mère, depuis trente ans, je subis ce martyre. J'ai soixante ans passés, et l'ennemi est toujours sur la brèche. La mort me serait préférable mille fois à ces luttes journalières. Mon auxiliaire de tous les jours, de tous les instants a été notre bonne Mère du Ciel. Mais depuis cinq ou six mois, la Très Sainte Vierge m'a confié à votre chère sainte que j'aime autant et plus que si j'étais son frère. Et le bien qu'elle m'a fait, je serais prêt à en rendre témoignage 'devant quelque tribunal que ce soit, quand viendra le moment où l'Eglise s'occupera d'elle.

Je ne puis que vous engager, ma bonne Mère, à exhorter les âmes que vous sauriez soumises à cette épreuve humiliante de s'adresser à cette chère petite bienheureuse.

R. P. Eugène (décédé).

——

5.

N. (Meurthe-et-Moselle), 7 mai 1905.

Une jeune fille de dix-neuf ans, très chère à ma famille, était atteinte de l'appendicite. Quand les médecins s'aperçurent du mal, il était déjà trop tard. Cependant, après avoir longtemps hésité, l'opération fut décidée; mais la gangrène s'était déjà étendue aux parties environnantes, et l'opération dut être écourtée. Huit jours après, la pauvre jeune fille était à toute extrémité, et on n'attendait plus qu'un dénouement prochain. De plus, une fissure s'était produite dans l'intestin et avait singulièrement compliqué le cas: bref, suivant toutes les prévisions humaines, tout espoir était perdu.

Je m'empressai de porter à la mourante ce que j'avais de plus cher; des cheveux de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et une neuvaine fut commencée. Deux jours après, subitement, la fissure se ferma; et, depuis ce moment, le mieux a continué, si bien et si vite que la chère malade est absolument hors de danger, se lève plusieurs heures par jour et n'a plus qu'à reprendre des forces.

L'étonnement des médecins ne peut s'exprimer. «Je vous avoue, disait le chirurgien en chef, que je n'avais jamais eu le moindre espoir, je la croyais bien perdue... Cette guérison est un phénomène, c'est à n'y rien comprendre!»

Nous, ma Révérende Mère, nous comprenons bien! R. P. M. R.

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6.

Cracovie (Autriche), 19 mai 1906.

Le frère Ignace Boron, coadjuteur de notre Compagnie de Jésus, souffrait cruellement de pierres dans le foie, depuis Noël 1905 jusqu'au 20 mars de cette année. Deux médecins, professeurs de l'Université, MM. P. et D., avaient déclaré le mal incurable. Le professeur K., célèbre chirurgien, disait qu'une opération était indispensable.

Après avoir fait inutilement plusieurs neuvaines, nous en avons commencé une au Sacré-Cœur et à la très sainte Vierge par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus de Lisieux. Le deuxième jour de la neuvaine, le frère eut une crise, et le troisième, il se leva complètement guéri, au grand étonnement des docteurs qui déclarèrent le fait inconnu à la médecine.

R. P. K., S. J.

Carmel de Cracovie, 20 mai 1906.

Le 19 mai, le R. P. K. est venu dire chez nous une messe d'action de grâces, où le frère Boron a communié. Ce dernier a dit qu'il se sent tout rajeuni, tout renouvelé, et mieux portant qu'il ne l'a jamais été.

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7.

Nancy (Meurthe-et-Moselle), 11 septembre 1906.

Gabrielle-Marie-Antoinette Barroyer, née le 4 août 1896, est tombée malade en décembre 1900. Des suites d'un fort rhume et d'une rougeole infectieuse lui est venue la terrible maladie appelée tuberculose. Du nez et des yeux, il sortait un pus dont l'odeur nauséabonde était si repoussante qu'il fallait vraiment la tendresse et le dévouement de ses parents pour procéder au nettoyage si minutieux de ces parties malades.

En mars et avril 1901, le mal empira et le péritoine se contamina comme les yeux et le nez; le ventre devint très gros et très dur: il se couvrit de boutons énormes d'où s'écoulait également du pus. La petite malade eut des crises très violentes qui formèrent des nœuds sur le dessus de la main droite et au pied gauche. C'était la tuberculose qui gagnait les extrémités. A partir de ce jour, on ne put lever la pauvre enfant que pour la mettre dans une longue voiture, où elle passait ses journées au grand air, dans le jardin.

Vers la fin de cette année 1901, les douleurs des yeux, du nez et du ventre semblèrent diminuer d'intensité; mais les grosseurs, celle de la main droite surtout, augmentèrent d'une manière effrayante. Le docteur nous dit que c'était la tuberculose qui se localisait, qu'il fallait absolument une opération. Après avoir au préalable essayé toutes sortes de remèdes sans aucun résultat, l'opération fut fixée au mois de mai 1902; elle réussit bien, mais la maladie était restée; et, après de grandes souffrances, la grosseur reparut avec une nouvelle vigueur, un peu en dessous de l'ancienne.—En avril 1903, on recommença de nouveau l'opération, on enleva un petit bout de l'os du dessus de la main, os fonctionnant avec le grand doigt et qui se putréfiait; mais on ne fut pas plus heureux que la première fois; et, toujours après quantité de soins de toute nature, on recommença une troisième opération en mars 1904. Ce fut en vain; le mal revint ensuite, plus intense encore que les fois précédentes; on brûla, pendant de longues séances, au crayon de nitrate d'argent; rien ne fit.

Un jour, je demandai à voir la main de ma pauvre petite fille, on refusa d'abord, puis on céda enfin à mes instances; mais quelle douleur j'éprouvai à ce triste spectacle: on aurait dit deux énormes lèvres d'un bleu noirâtre, toutes tuméfiées. Ce jour-là, on m'avoua qu'il fallait recommencer un quatrième grattage de l'os. Il faut être mère pour comprendre tout ce que renfermait d'inquiétudes pour nous le sort de notre chère enfant.

Quand enfin mon cher cousin, M. l'abbé Renard, touché de notre affliction, ému de voir souffrir ainsi ce petit ange, nous proposa de faire une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Nous acceptâmes cette nouvelle espérance, car depuis longtemps nous avions adressé neuvaines sur neuvaines à différents saints de notre choix; mais Dieu voulait se manifester pour la gloire et l'honneur de sa jeune et si dévouée servante, Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Mon cousin nous apporta une relique de cette angélique sœur, et chaque soir, pendant la neuvaine, nous l'appliquions sur la main malade. Est-il besoin de dire la foi, l'espérance que nous avions en adressant notre prière à Dieu par l'intercession de sa fidèle épouse? Mais ce n'est pas à nos prières seulement que nous devons d'avoir fléchi le bon Dieu; mon cher cousin priait et faisait prier légion de belles âmes avec nous.

Dès le quatrième jour de la neuvaine, un mieux très sensible fut constaté par le médecin et on conclut que l'opération ne serait peut-être pas nécessaire. Le huitième jour, nouvelle visite du docteur; non seulement le mieux se maintenait, mais cette fois, il nous dit qu'on n'opérerait pas. La bonne sœur Charles, qui soignait ma petite fille, me demanda ce que nous faisions, car la rapidité de cette belle amélioration l'avait frappée. Nous lui donnâmes notre recette. «Ah! ne vous arrêtez pas, nous dit-elle, et faites une autre neuvaine, je me joindrai à vous.» Nous recommençâmes immédiatement une autre supplique, dans les mêmes conditions que la précédente. A la fin de cette seconde requête, ma petite Gabrielle fut guérie complètement. Je lui laissai néanmoins un petit linge sur la main pendant une partie du mois de juillet de la même année 1904, parce que la peau reformée était encore trop fine, mais, après cela, je lui laissai la main libre, et depuis elle se fortifie et l'enfant aussi.

Nous gardons une profonde reconnaissance à Dieu et à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, que nous continuons d'invoquer en notre particulier, en attendant que nous puissions la prier comme une sainte.

E. Barroyer.

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8.

P. R. (Bretagne), 7 janvier 1907.

Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus vient de m'accorder une grâce inespérée de conversion.

A la fin d'une neuvaine à cette petite sainte, une femme âgée, en état de péché mortel dès avant sa première Communion qui fut mauvaise, après une vie toute de désordres, de scandales et de sacrilèges, s'est sentie prise d'un tel repentir, après avoir contemplé cinq minutes au plus l'image de la Sainte Face, peinte par une de vos sœurs, qu'elle a fondu en larmes et a voulu faire au plus tôt sa confession générale. Vous dire son bonheur actuel et sa reconnaissance envers Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus est chose impossible.

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9.

R. (Bretagne), 11 janvier 1907.

Au mois de juillet dernier, ma santé, déjà ébranlée par une longue maladie d'estomac, me laissa dans un état de langueur difficile à décrire; j'étais devenue si maigre qu'il me fut bientôt impossible de faire un mouvement. Je m'alitai le 20 juillet, et, depuis ce jour, incapable même de soulever ma tête sur l'oreiller, je fus obligée de me confier complètement aux religieuses qui me soignaient. Cependant, mon état s'aggravait encore: mon bras droit, devenu paralysé, me refusait tout service; et les médecins me condamnèrent.

Ma sœur aînée, Carmélite à A., eut la pensée d'invoquer la sainte Vierge, par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, pour obtenir ma guérison. Deux neuvaines successives n'amenèrent aucune amélioration. Enfin, nous commençâmes une troisième neuvaine, et la Prieure des Carmélites m'envoya une relique de la robe de Sr Thérèse, m'engageant à la porter sur moi. Pendant cette troisième neuvaine, mon état devint plus alarmant, les médecins, perdant tout espoir, cessèrent leurs visites; mes parents et les autres personnes qui m'entouraient reconnurent que c'était la fin. Je reçus l'extrême-onction le 29 août au soir; et, dans la pensée de chacun, tout devait être fini le lendemain matin.

Ma mère eut cependant un dernier espoir; elle écrivit aussitôt au sanctuaire de Notre-Dame des Victoires pour demander une messe. Nous recourions ainsi de nouveau à la sainte Vierge, toujours par l'entremise de la petite Sr Thérèse.

La messe fut célébrée le lendemain à 10 h. 1/2; pendant ce temps les supplications redoublèrent, et cette fois le ciel se laissa fléchir. Pendant la messe, une vigueur toute nouvelle me transforma: Sr Thérèse, le dernier jour de la troisième neuvaine, exauçait enfin nos prières en me guérissant.

Marie-Thérèse L. (22 ans).

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10.

Carmel de Nîmes exilé à Florence, Italie, 3 avril 1907.

Avec quel bonheur je viens vous dire le miracle opéré par notre angélique Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Aidez-nous à lui dire merci! Oh! qu'elle est puissante, ma Mère!

Sr Joséphine, l'une de nos sœurs converses, fut atteinte, le 18 janvier 1907, d'une pneumonie déclarée infectieuse. En quatre jours, elle fut à toute extrémité, la fièvre montait à 43°. Aussitôt que je compris la gravité du mal, je m'adressai avec une confiance inébranlable à l'ange de Lisieux; je plaçai son image au chevet du lit de la malade qui, elle, ne désirait pas guérir.

Cependant, le sixième jour de la maladie, le docteur ne nous laissa plus aucun espoir, et nous avertit de lui faire recevoir les derniers sacrements, craignant un dénouement fatal pour le lendemain.

Je voulus passer cette dernière nuit auprès de notre chère enfant: mais nos sœurs m'obligèrent à aller prendre un peu de repos, ce que je fis pour ne pas les contrister, mais en redoublant mes instantes prières à notre sœur du Ciel.

Vers 2 heures du matin, je fus réveillée par une force mystérieuse, j'avais l'intuition que notre Sr Joséphine était à l'agonie. J'accourus immédiatement et la trouvai, en effet, sur le point de rendre le dernier soupir, elle était noire... les yeux vitrés... D'une voix étouffée elle balbutia: «Ma Mère, je ne puis pas mourir!»

Je dis à la Mère Sous-Prieure qui me pressait de faire les prières des agonisants: «Non, la petite Thérèse la guérira», et je récitai le Credo avec toute l'énergie de ma foi. J'avais dans l'âme une sorte de saisissement, comme si notre petite S' Thérèse de l'Enfant-Jésus m'eût touchée, pour me signifier que le miracle était obtenu. Et je crus à cette touche inoubliable et je dis tout haut: «S' Joséphine est sauvée!» Elle l'était, en effet. La crise de suffocation s'apaisa, les yeux reprirent de la vie et de l'éclat. Le lendemain, le docteur vint constater lui-même la résurrection de celle dont il croyait constater la mort. A plusieurs reprises, il s'écria: «C'est un miracle! oui, c'est bien un miracle.»

Et maintenant, ma Révérende Mère, que vous dirai-je? Jusqu'à mon dernier soupir, ces souvenirs resteront gravés dans mon cœur pour en rendre grâce à Dieu.

Sr M., prieure.

Suit le certificat du médecin.

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11.

Dinan (Côtes-du-Nord), 7 mai 1907.

Au mois de juin 1902, le jour de la Fête-Dieu, ma mère, souffrante depuis le matin, fut obligée de se coucher. Nous croyions à une grippe, mais, le lendemain et les jours suivants, elle fut très malade. Le docteur vint chaque jour pendant plusieurs semaines, essayant de tout et ne voyant pas de quelle nature pouvait être la maladie. Il était impossible de faire prendre à ma mère aucune nourriture, les œufs l'empoisonnaient. Elle était arrivée à un tel état de faiblesse que le docteur ne put nous cacher la gravité du mal. Un second médecin fut alors appelé. Tous deux disaient: «Elle se meurt.»

Madame la Supérieure de l'hospice de Dinan, très dévouée à ma famille, ne nous cachait pas son extrême inquiétude. Un jour, la sœur qui soignait ma mère nous appela en toute hâte. Nous montâmes, mon frère et moi. Maman n'avait plus de connaissance, ses yeux étaient vitrés. Epouvantés, nous envoyons chercher le docteur; il fit une piqûre d'éther et la connaissance revint. Depuis plusieurs jours, elle ne pouvait parler qu'avec une extrême difficulté; ce jour-là, ce fut bien pis et les crises se renouvelèrent dans l'après-midi. Enfin, le soir, vers 8 h. 1/2, une dernière faiblesse survint. Quand la violence de la crise fut un peu calmée, la connaissance ne revenant pas, Monsieur l'Aumônier de l'hospice apporta les Saintes Huiles. Mon frère et moi, nous étions comme fous de douleur. Alors, je me rappelle que nous avions une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus: c'étaient des cheveux. Je la mets au cou de maman: immédiatement elle s'endort. Quelques heures après, elle se réveille, parlant parfaitement; elle me dit qu'elle était très bien. La sœur et moi n'eûmes pas un instant de doute, ce n'était pas un mieux trompeur. Maman était guérie. Le lendemain elle s'est levée, a voulu manger des œufs; je ne les lui donnai qu'en tremblant, mais ils ne lui firent aucun mal. Le docteur vint encore pendant plusieurs jours, car il ne voulait pas croire à cette guérison. Il fut bien forcé de convenir de la vérité.

Est-il nécessaire de vous dire, ma Révérende Mère, quels furent notre bonheur et notre reconnaissance. Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, une fois de plus, avait fait du bien sur la terre.

M. P.

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12.

Carmel de R. (Aveyron), 27 avril 1908.

Ma Révérende Mère,

Permettez à une humble petite sœur du Carmel de venir vous faire part d'une grande faveur dont elle vient d'être l'objet ces jours-ci, par l'intercession de notre chère Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Depuis six ans, ma santé était mauvaise et la faiblesse m'avait occasionné une extinction de voix. Je ne parlais qu'à voix basse depuis seize mois et encore avec beaucoup de peine. Un grand nombre de remèdes avaient été employés, et tous étaient restés sans effet. La communauté avait adressé de ferventes prières au Saint Enfant Jésus de Prague, mais notre aimable «Petit-Grand» était resté sourd à nos supplications.

Notre Révérende Mère nous ayant lu, en récréation, les nombreuses faveurs déjà obtenues par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et consignées dans la grande édition de sa Vie, la pensée de s'adresser à cette petite sainte pour solliciter le recouvrement de ma voix fut générale, et, le lundi de Pâques, 20 avril, notre Mère commençait en communauté une neuvaine en l'honneur de la Sainte Face, afin d'obtenir, par l'intercession de sa dévouée Servante, la grâce désirée. Elle promit, si nous étions exaucées, de propager le plus possible les images de la Sainte Face et aussi la Vie de la petite sainte.

Le second jour de la neuvaine, dans la matinée, étant occupée à un travail manuel, je repassais intérieurement le cantique «Vivre d'amour». Arrivée à ces vers:

Vivre d'amour, ce n'est pas sur la terre
Fixer sa tente au sommet du Thabor,

il me prit envie de les chanter. O surprise! Sans effort, je pus en fredonner quelques mots, quoique péniblement. Le lendemain, je parlais bien distinctement; enfin, le jeudi, quatrième jour de la neuvaine, je fus complètement guérie. Depuis je chante, je fais la lecture au réfectoire, sans la moindre difficulté; il y a six ans que j'étais privée de cette satisfaction!

Vous trouverez ci-joint, ma Révérende Mère, un mandat de 300 francs, sur lesquels vous voudrez bien nous envoyer quelques exemplaires de la Vie de notre puissante «petite Reine». Le reste vous est envoyé par ma famille, pour aider à l'achat de la châsse qui devra renfermer son corps, lorsque l'Eglise l'aura déclarée bienheureuse.


Témoignage de la Révérende Mère Prieure.

Dès le second jour de la neuvaine, la voix de notre chère malade devint un peu plus libre; chaque jour, le mieux s'accentuait, et vers la fin de la neuvaine, elle était entièrement revenue à son état normal. Notre chère sœur put reprendre immédiatement l'office de lectrice au réfectoire, ce qu'elle continua toute la semaine sans fatigue. Quatre mois se sont écoulés depuis, et notre sœur jouit toujours de sa bonne voix. L'état général s'est aussi sensiblement amélioré, et plusieurs accidents qui se produisaient souvent, tels que crachements de sang, n'ont pas reparu.

Notre angélique Sr Thérèse a bien voulu donner une preuve de son affection fraternelle à notre sœur et à toute notre Communauté: qu'elle en soit mille fois remerciée!

Carmel de R., le 27 août 1908.

Sr S., prieure.

Suit le certificat du médecin.

——

13.

Saint-S. (Creuse), 12 mai 1908.

Devant aller prêcher une mission, j'en mis le succès sous la protection de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, cette âme si fidèle à la grâce pendant toute sa vie. Je promis en retour, au cas où les prédications produiraient des fruits de salut, de les lui attribuer pleinement et de les publier pour hâter sa béatification.

Je tiens à vous dire aujourd'hui, ma Révérende Mère, que cette mission a été particulièrement bénie. Grâce à la puissante intercession de votre sœur du Ciel, les pécheurs se sont convertis en grand nombre. Nous étions très surpris, mon confrère et moi, des accents que le divin Maître nous mettait dans le cœur et sur les lèvres, pour tenir notre auditoire attentif, d'une façon soutenue. Et certes, ils avaient du mérite à nous écouter, les pauvres gens! car, pendant huit jours, ils venaient tous les soirs de plusieurs kilomètres, parfois de deux lieues, malgré la neige, la pluie et le vent, dans une église où nous les gardions deux longues heures. En s'en retournant, ils étaient obligés de s'éclairer avec des flambeaux pour se préserver des précipices, dans des chemins épouvantables.

Que Dieu bénisse votre Carmel d'avoir fait connaître un ange qui lui ramène tant d'âmes!

C.

——

14.

S., Belgique, 15 mai 1908.

Le Curé de la paroisse de H. se recommande particulièrement à vos prières. Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, à laquelle il avait confié le succès d'une retraite d'hommes, a attiré de telles bénédictions sur celle-ci et opéré de si éclatantes conversions que toutes ses espérances de pasteur ont été dépassées.

T. P.

——

15.

Je reconnais que ma fille Reine, âgée de 4 ans 1/2, était atteinte, depuis le 11 janvier 1906, d'une maladie des yeux reconnue incurable par les médecins.

Après seize mois de soins inutiles, ma femme porta notre enfant aveugle sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et nous commençâmes une neuvaine à cette petite sainte. Dès le deuxième jour, le 26 mai 1908, avant-veille de l'Ascension, pendant que ma femme était à la Messe de 6 heures, car elle se proposait d'y aller tous les jours de la neuvaine, ma petite Reine, après une crise violente, recouvra subitement la vue. Ce que ma femme a d'abord constaté, et moi ensuite.

Le docteur L. tient de ma femme elle-même tous les détails qu'il donne à ce sujet et je les reconnais conformes à la vérité.

En foi de quoi, avec beaucoup de reconnaissance pour le miracle opéré en notre faveur, nous signons le présent certificat avec les témoins.

A. F.—J. F.

Suivent 11 signatures.

Samedi, 12 décembre 1908.

Observation médicale de la jeune Reine F., âgée de 4 ans et demi, demeurant à L..., atteinte de kératite phlyctémulaire et guérie le 26 mai 1908.

Reine F. n'a jamais été malade, sauf de la rougeole quand elle avait un an.

Le 11 janvier 1906, elle a commencé à souffrir des yeux. Ses paupières étaient collées et renfermaient du pus, les yeux étaient rouges et irrités. Au bout de quinze jours, on la conduisit au docteur D., qui lui continua ses soins pendant plus d'un an. La malade avait des rémissions pendant quelque temps, puis survenaient des crises plus aiguës. Elle vit trois oculistes: le docteur D. à L., et les docteurs M. et L. à C. Ceux-ci dirent à la mère de ne pas leur ramener l'enfant, parce que ses yeux étaient perdus. Ils étaient, en effet, injectés de sang et couverts de taies blanchâtres (une douzaine environ). L'enfant souffrait beaucoup, surtout la nuit. Elle ne voyait pas pour se conduire et ne distinguait aucun objet placé devant elle. Elle tenait les yeux fermés et portait des lunettes pour souffrir moins.

Touchée de cet état, une religieuse de la Providence à L., maîtresse de la classe enfantine, conseilla à la mère de demander la guérison de sa petite infirme à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la porter sur sa tombe, en lui recommandant d'avoir d'autant plus de confiance que sa fille s'appelait Reine, nom que M. Martin, père de Sr Thérèse, se plaisait à donner à celle-ci. La mère hésitait. Elle se décida cependant, après la lecture de la vie abrégée de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et porta l'enfant au cimetière. Elle demanda au Carmel une neuvaine de prières.

Le lendemain, 26 mai 1908, avant-veille de l'Ascension, elle assista à la Messe de six heures et demie et mit un cierge à la sainte Vierge en l'honneur de Sr Thérèse.

En rentrant chez elle, on lui apprend que sa fille a eu une crise de souffrance plus forte que les autres. «Mets tes lunettes, puisqu'elles te soulagent», dit la mère à la fillette. Mais celle-ci de s'écrier toute joyeuse: «Maman, je n'en ai plus besoin, je vois aussi bien que toi, à présent

Alors la mère approche l'enfant de la fenêtre et appelle son mari: «Regarde ta fille! Tu te moquais de ma confiance, vois ses yeux! Elle est guérie!»

En effet, les yeux grands ouverts n'étaient plus rouges; il n'y avait plus de pus, d'inflammation ni de taies, et l'enfant voyait distinctement tout ce qui l'entourait.

Depuis elle n'a eu aucune rechute. Le docteur D. la déclara complètement guérie de sa kératite phlyctémulaire et délivra un certificat à la date du 6 juillet 1908.

Cette maladie, très fréquente chez les enfants à constitution faible et lymphathique, est caractérisée par des ulcérations de la cornée. Elle est sujette à des récidives très fréquentes, d'abord, puis, à intervalles plus éloignés, à mesure que l'enfant se fortifie. Elle ne peut donc guérir que très lentement, et elle laisse presque toujours des traces indélébiles, sous forme de taies plus ou moins opaques.

Dr L.

L., le 7 décembre 1908.

Suivent les témoignages recueillis par le docteur, des différentes personnes qui ont vu l'enfant avant et après sa guérison.

Témoignage des Carmélites de Lisieux.

Nous, soussignées, avons entendu les parents de Reine F, et vu cette enfant au parloir. La mère nous a fait exactement le même récit qu'au docteur L. Elle a ajouté que le premier jour de la neuvaine, elle avait cueilli sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus deux petites feuilles de géranium et les avait placées chez elle avec respect. Le père nous a affirmé que le docteur D. leur avait déclaré que, s'ils voyaient les yeux de leur petite fille devenir phosphorescents, c'était signe qu'ils étaient perdus, sans aucun espoir de guérison; or, qu'ils avaient vu tous deux ce phénomène se produire.

La femme nous a dit encore que le 25 mai 1908, elle était allée chez Mme D., boulangère, dans la même rue, pour acheter un petit pain; que, le lendemain, elle y était retournée pour montrer son enfant guérie, et que cette dame, après avoir examiné les yeux de l'enfant qu'elle avait vus si malades, la veille encore, s'était écriée avec une grande émotion: «Ah! ma pauvre femme, c'est un grand miracle qui s'est opéré chez vous!»

Marie F., âgée de 9 ans et demi, nous a dit avoir vu sa petite sœur, au matin du 26 mai, s'apaiser tout à coup, après sa grande crise, puis regarder fixement quelque chose en souriant, et faisant des gestes d'amitié avec son petit bras; enfin, s'endormir paisiblement. «J'ai pensé, nous dit-elle, quelle se guérissait et regardait les objets au fond de la chambre. Je lui ai demandé ensuite ce qu'elle avait tant regardé et pourquoi elle avait ri. Elle m'a répondu: «J'ai vu la petite Thérèse, là, tout près de mon lit, elle m'a pris la main, elle me riait, elle était belle, elle avait un voile, et c'était tout allumé autour de sa tête.»

L'enfant nous a raconté la même chose à nous-mêmes. Devant nous, sa mère a essayé de l'effrayer en lui disant de prendre garde de mentir, ou bien que la «petite Thérèse» lui reprendrait ses yeux. Elle s'est retournée vers sa mère et lui a répété avec assurance: «Oui, maman, c'est vrai, je l'ai vue...»—«Comment était-elle habillée, ma petite Reine?» lui dîmes-nous.—«Pareille à vous!»

5 février 1909.

Suivent les signatures de la Mère Prieure et de plusieurs religieuses.

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16.

Le C., Juin 1908.

Un matin, en allant à la Messe, je demandai avec une très grande confiance au Sacré-Cœur et à Notre-Dame des Victoires, par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, la conversion d'une âme qui—je le savais par ses confidences—n'était point sincère dans ses confessions.

Le soir de ce même jour, je rencontre cette personne qui me dit: «Oh! je ne sais pourquoi, mais aujourd'hui j'ai été très tourmentée au sujet de la confession et c'est ce qui ne m'arrive jamais.» Le lendemain, elle alla se confesser et revint aussitôt me voir pour me dire combien elle était heureuse.

X.

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17.

Constantinople, 8 juin 1908.

Mon mari vivait depuis seize ans loin des sacrements et ne voulait rien entendre à ce sujet. Un jour, ma fille, en revenant de l'école, me parla de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, et ce qu'elle m'en dit m'inspira beaucoup de confiance. Le soir même, nous récitâmes un Pater et un Ave pour obtenir de la chère sainte la conversion désirée et, dès le lendemain matin, mon mari me dit spontanément: «Cette année, je veux faire mes Pâques et désormais je m'approcherai plus souvent des sacrements.» C'était le Mercredi Saint, et, tout transformé et tout joyeux, il communia le Jeudi Saint. Maintenant, il communie tous les mois.

X.

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18.

X., Italie, 8 août 1908.

Quelques mois avant mes vœux perpétuels et mon sous-diaconat, je traversai une crise violente dont mon avenir sacerdotal et religieux a évidemment dépendu. Au plus fort de la lutte, sans aucune initiative de ma part, la pensée de votre sainte s'est imposée à mon esprit avec une obstination et un charme irrésistibles. Elle a continué à m'occuper ainsi tout le jour, sans que je dusse faire des efforts pour chercher sa chère pensée; elle m'a appris à l'appeler ma Mère, et à mettre en elle toute l'espérance de mon âme. Elle m'a béni mieux encore que par ses joies sensibles; elle a «tourné» mon cœur. Mon directeur, un homme prudent et réservé s'il en fut, a été extrêmement frappé de ce qui s'était passé en moi, des changements subits et inexplicables qu'elle y avait faits, et il m'a dit: «Il y a là quelque chose d'extraordinaire: c'est une grande grâce que vous avez reçue!» Ce que je vous dis en termes un peu voilés, ma bonne Mère, je serais heureux de pouvoir vous le dire clairement de vive voix. Alors vous comprendriez mieux comment elle est ma Mère, la mère de mon sacerdoce et de tous mes apostolats futurs; vous comprendriez combien je désire la faire bénir comme je la bénis, aimer comme je l'aime.

B.

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19.

Estado do Ceara, Brésil, 21 août 1908.

Mon père était très malade et avait déjà reçu les derniers sacrements, quand, providentiellement, une personne amie m'apporta une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Elle-même adressa ces questions au malade qui souffrait extrêmement: «Croyez-vous que cette petite sainte puisse obtenir votre guérison? Voulez-vous suspendre à votre cou cette relique?—Oui!» a répondu mon père avec une grande foi.

Alors j'ai fait une prière à la «petite Reine», et aussitôt mon père s'est trouvé très bien.

J'ai promis de publier cette guérison extraordinaire.

A. C.

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20.

S. J. (Calvados), 23 septembre 1908.

    Ma Révérende Mère,

Je suis allée faire un pèlerinage sur la tombe de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus en reconnaissance d'une grande faveur obtenue par son intercession.

Voici le fait.

Le jour de la Pentecôte, mon frère a été pris d'une arthrite infectieuse dans le genou gauche. Quelques jours après, une péricondite se déclarait au cœur, puis une miocardite. Son état alors réclama son transport dans une maison de santé; il fallait près de lui la présence continuelle d'un médecin. En arrivant à l'hôpital Saint-Joseph, médecins, internes, religieuses se sont écriés: «C'est un mourant que vous nous amenez, il ne passera pas la nuit.» Pendant plusieurs jours, son état était si désespéré que les personnes qui le soignaient ne lui faisaient aucun traitement, aucun remède, prétextant que c'était un condamné à mort et qu'il valait mieux le laisser mourir tranquille. Pendant trois semaines, il ne prit qu'un peu de champagne, et sa faiblesse était si grande qu'il perdait souvent connaissance.

Nous avons été amenés à prier Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus par ma sœur aînée, religieuse Carmélite. Ma sœur, mon frère et moi avons commencé une neuvaine, et, le dernier jour, mon frère était hors de danger.

Les personnes qui l'ont soigné sont encore dans l'étonnement de cette guérison.

L. M.

——

21.

F., Angleterre.

Dans la troisième semaine de juin 1908, sœur Catherine C., postulante au noviciat de la congrégation de X., Londres, glissa malheureusement deux marches d'un escalier et se foula gravement le pied. Le repos et les remèdes ordonnés par le médecin n'apportèrent aucune amélioration. Le pied restait enflé et décoloré, de sorte que la sœur ne pouvait marcher.

On fait examiner la blessure à l'Hôpital du Royal Collège
au moyen des Rayons X,

et le pied malade est enfermé dans une gouttière de plâtre. Le chirurgien ordonne qu'il reste ainsi durant six semaines. Au bout de ce temps, le mal n'ayant point diminué, et la sœur souffrant beaucoup, on essaya un vésicatoire pour réduire l'enflure, mais sans plus de succès. Enfin, le spécialiste de l'Hôpital fut appelé à F. Après une consultation avec le médecin du couvent, il donna une très sérieuse appréciation du mal, et déclara qu'il n'espérait le guérir que sous sa particulière surveillance.

Une opération devient nécessaire.

Ayant su que les parents de la novice désiraient qu'elle fût soignée chez eux, le spécialiste parla d'écrire à un certain professeur du pays pour lui donner ses conseils au sujet de l'opération. De plus, il avertit que les plus grandes précautions seraient à prendre pour le voyage, et que le moindre choc suffirait pour aggraver le mal et rendre une amputation inévitable.

Le mardi suivant, 3 novembre, le Révérend Père C., frère de la novice, arriva à F. dans le but de la ramener chez elle. Il fut bien affligé de l'état de son pied, et, en le voyant d'une si mauvaise couleur, enflé et complètement informe, il comprit clairement qu'une opération devenait urgente.

On prit des mesures pour qu'une voiture d'ambulance se trouvât prête dès l'arrivée de l'infirme à G. Jusqu'alors on avait caché à sœur Catherine la nécessité de son départ. Elle fit des instances pour rester au monastère, mais le cas était trop grave et il lui fallut accepter l'épreuve. Elle fit donc bien tristement ses adieux au noviciat, et la voiture qui devait l'emporter loin du couvent qu'elle aimait et regrettait si vivement, fut demandée pour le lendemain matin, à huit heures et demie.

Venons maintenant à la Thaumaturge

qui intervint si merveilleusement cette nuit-là même.

Lors de l'accident, on avait placé sur le pied malade une médaille du Sacré-Cœur, on avait employé de l'eau de Lourdes pour les pansements. Des neuvaines furent faites au Sacré-Cœur, à la très sainte Vierge et à plusieurs saints, mais le Ciel semblait sourd à toutes les demandes.

Le 30 octobre, après la décision du chirurgien, sœur Catherine, de l'avis de sa Supérieure, commença une neuvaine à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus et plaça parmi ses bandages un pétale de rose avec lequel Sr Thérèse avait autrefois embaumé et caressé son crucifix, sur son lit d'agonie. On avait d'ailleurs dans le couvent une grande dévotion à cette jeune sainte contemporaine, et cette dévotion était sur le point de recevoir sa récompense.

«Le vendredi soir, 30 octobre, écrit sœur Catherine dans sa relation, j'avais commencé une neuvaine à la «Petite Fleur» avec une grande confiance. Je ne la perdais pas de vue un seul instant, toujours je la priais d'avoir pitié de moi et de me guérir pour sauver ma vocation.

«Le 3 novembre, veille de mon départ, je me couchai vers 9 heures, ressentant une excessive douleur dans le pied. Je conjurai alors la Petite Fleur» de m'obtenir enfin du Dieu Tout-Puissant ma guérison. A chaque fois que je m'éveillais, je lui faisais les mêmes instances. Vers 3 heures, je m'éveillai encore, mais cette fois, ma cellule était remplie de lumière. Je ne savais quoi penser de cette exquise clarté et je m'écriai: «O mon Dieu! qu'est-ce que cela?» Je restai dans cette «lumière pendant trois quarts d'heure, et je n'arrivais pas à me rendormir, malgré mes efforts. Alors je sentis comme l'impression de quelqu'un qui enlevait les couvertures de mon lit et m'excitait à me lever. Je remuai mon pied, et quelle ne fut pas ma surprise de trouver les sept mètres de bandages, qui avaient été liés très fortement et dont je n'aurais pu me passer, complètement retirés. Je regardai mon pied, il était entièrement guéri. Je me levai, je marchai, et, ne sentant plus aucun mal, je tombai à genoux en m'écriant: «O Petite Fleur de Jésus, qu'est-ce que vous avez fait pour moi ce matin! Je suis guérie!»

Vers l'heure de la Messe, on vint chercher sœur Catherine pour la conduire à la chapelle, mais elle dit qu'elle n'avait plus besoin de l'appui d'un bras, ni de la canne dont elle se servait d'habitude. Elle descendit seule l'escalier et courut vers sa Supérieure.

«La «Petite Fleur» m'a guérie!

ma Mère», lui dit-elle. Et tout aussitôt, la nouvelle se répandit dans la communauté, comme une traînée de poudre. Une sorte de crainte planait sur la maison avec le sentiment que Dieu avait passé par là.

La Mère Provinciale vint bientôt et se rendit compte par elle-même de l'événement. Pour prouver qu'elle était bien guérie, la novice marcha de long en large à l'extérieur de l'église, et montra qu'elle portait sa chaussure ordinaire, au lieu de la chaussure d'infirme qu'on lui avait préparée à cause de l'enflure.

Enfin, elle resta tout le temps de la Messe à genoux et marcha d'un pas ferme pour recevoir la sainte Communion des mains de son frère. Celui-ci ignorait encore le miracle, mais il avoua ensuite que jamais, depuis sa première Messe, il n'avait reçu autant de consolations divines qu'à cette Messe-là. Témoignage touchant encore du pouvoir d'intercession de Sr Thérèse en faveur des prêtres, pour lesquels elle aimait tant à prier!

Immédiatement après la Messe, la Mère Prieure alla le trouver et lui raconta ce qui était arrivé. Alors, très ému, il entonna le Te Deum, que la novice poursuivit debout avec la Communauté entière, dans une joie et une émotion indicibles.

L'examen du pied montra que la décoloration, l'enflure, les marques du vésicatoire et des pointes de feu avaient disparu et qu'il était revenu à sa forme naturelle.

La gratitude de la novice et des sœurs fut profonde, en vérité, devant cette intervention de leur bien-aimée «Petite Fleur». D'autres, pour lesquels son parfum odorant est une joie toujours renaissante, apprendront avec plaisir ce nouveau gage de sa puissance au milieu d'une génération incroyante.

«Vous nous regarderez d'en haut, n'est-ce pas?» disait-on à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, lorsque, âgée de 24 ans, elle était mourante à Lisieux.

«Non, répondit-elle, je descendrai

A F., comme en bien d'autres lieux, la «Fleur de Jésus» descendit.

T. N. T.

——

22.

Vendée, 5 novembre 1908.

J'aurais pu, dès le premier jour de la neuvaine, vous écrire pour vous annoncer la guérison de mon petit Jean, mais je ne l'ai pas voulu pour ne pas agir avec témérité.

Dès que nous avons eu attaché à la robe du petit malade le morceau d'étoffe ayant appartenu à votre Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, les vomissements et autres accidents ont cessé; ils ont cessé si brusquement que nous n'osions pas y croire. Depuis ce jour, l'enfant se porte à merveille; jamais il n'avait été aussi gai. C'est de grand cœur que ma femme et moi nous remercions Sr Thérèse.

Docteur C.

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23.

G., Ecosse, 8 novembre 1908.

Une guérison spirituelle—délivrance d'une tentation qui durait depuis plusieurs années—a été obtenue en un instant par une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, dans un couvent de G. La religieuse avait déjà demandé de quitter la Congrégation, et maintenant elle est si heureuse d'y être restée!

T.

——

24.

V. (Seine-et-Oise), 4 décembre 1908.

     Ma Révérende Mère,

Je suis très heureuse de venir vous annoncer que Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus a exaucé vos prières et mes supplications en guérissant Mademoiselle S., âgée de 67 ans, et atteinte d'une bronchite aiguë, suivie de deux congestions pulmonaires. Son état nous inspirait beaucoup d'inquiétudes.

Lorsque je reçus le sachet contenant de la laine de l'oreiller de la petite sainte, je le posai aussitôt sur la malade, qui l'accepta avec bonheur, me disant qu'elle avait pensé à demander une relique de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. C'était la première fois qu'elle me parlait depuis plusieurs jours. Elle ajouta en me regardant: «Oh! que cela sent bon! Quelle odeur de roses! Quel délicieux parfum!» Et pendant cinq minutes, elle respira ce même parfum. Moi qui étais près d'elle, je ne sentais absolument rien!

Le soir, à 6 h., le docteur revint, et quelle ne fut pas sa surprise de voir que la fièvre avait disparu. Il n'en voulait pas croire ses yeux et, quatre fois, il remit le thermomètre.

Depuis ce jour, Mademoiselle S. est allée de mieux en mieux. Aujourd'hui elle est guérie et me charge de vous dire, ma Révérende Mère, que nous viendrons cet été remercier nous-mêmes la chère petite Reine à son tombeau. Veuillez nous envoyer sa «Vie», et croyez que nous sommes prêtes à nous dévouer pour la faire connaître et avancer sa béatification.

M. M.

——

25.

Carmel de S. P., Espagne, 15 décembre 1908.

     Ma Révérende Mère,

J'ai la consolation d'écrire à Votre Révérence ce qui suit:

Une de nos sœurs, âgée de trente et quelques années, était reconnue tuberculeuse par le médecin qui lui donnait, tout au plus, deux ans de vie.

Nous commençâmes une neuvaine à l'Immaculée Conception par l'intercession de votre aimable petite sainte, et nous la terminâmes le 20 septembre par la sainte Communion.

La malade, se voyant dans le même état, me dit: «Ma Mère, le 30 de ce mois, c'est l'anniversaire de la mort de la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus. Ce jour-là, je crois qu'elle fera quelque chose pour moi.»

Voyant sa confiance, nous recommençâmes une neuvaine et, le lendemain du dernier jour, je fis appeler le docteur qui, après avoir ausculté notre chère sœur, me dit tout surpris: «Mais elle est beaucoup mieux!»

Cependant, je croyais qu'il fallait un certain temps pour constater une guérison complète. Ces jours derniers, je la fis donc examiner de nouveau. Après l'auscultation, le médecin se tourna vers moi et me dit: «Il n'y a plus rien, elle est guérie!» Il me promit volontiers le certificat que je vous envoie. Vous y lirez que: «Cette guérison, si prompte, lui paraît étrange et merveilleuse.»

Je ne puis vous dire, ma Révérende Mère, avec quel bonheur et quelle reconnaissance nous avons récité, au chœur, un Te Deum et un Magnificat en actions de grâces.

Chère petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus, combien nous l'aimons!

Sr T., prieure.

Suit le certificat du médecin.

——

26.

D., Suisse, 18 décembre 1908.

      Ma Révérende Mère,

Pardonnez-moi si je viens un peu tard vous raconter la guérison de ma petite fille, Marie-Thérèse, âgée de deux ans, guérison obtenue par l'intercession de Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

En 1907, cette enfant, d'ailleurs très chétive, fut atteinte d'un mal à l'index de la main droite. La phalange supérieure devint si enflée qu'elle égalait en grosseur le pouce d'une grande personne.

Ce mal, paraît-il, était la tuberculose osseuse localisée (Spina ventosa), et on l'appelle doigt en radis.

Le docteur jugea une opération indispensable. Il ouvrit donc le petit doigt malade et gratta l'os. Pendant cinq mois, je dus lui conduire tous les deux ou trois jours ma petite fille pour les pansements, mais l'état ne s'améliorait guère. Il se forma même une excroissance de chair, que l'on dut enlever, au moyen du cautère électrique, et le doigt suppurait toujours un peu.

En rentrant en France, au mois d'avril, je le fis voir à un autre docteur qui, ne le trouvant pas bien du tout, me dit qu'une seconde opération serait nécessaire.

C'est alors que, désolé, mais confiant en votre angélique sœur, je résolus de conduire mon enfant à son tombeau.

Arrivé là, j'assis tout simplement Marie-Thérèse sur la tombe de la petite sainte en disant: «Bonne petite Sr Thérèse, vous qui avez promis de faire du bien sur la terre, guérissez ma petite Marie-Thérèse.»

Eh bien, ma Révérende Mère, le doigt qui, jusqu'alors, ne cessait point de suppurer, sécha; une petite croûte se forma, puis tomba, et huit jours après, tout était cicatrisé et guéri.

Depuis cette époque, ma petite fille se porte à merveille.

De la part de son père et de sa mère, mille fois merci et vive reconnaissance à Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

G. H.—C. H.

——

27.

21 décembre 1908.

C'est un devoir de reconnaissance qui m'amène aujourd'hui près de vous. Ayant obtenu par l'intermédiaire de la petite Sr Thérèse une grâce signalée, je me fais une joie de venir vous la raconter:

Depuis un certain temps, j'allais voir un pauvre malade. Elevé dans la religion, cet homme, sans devenir sectaire, était devenu plus qu'indifférent; il avait beaucoup lu, et, de ses lectures, il avait retiré avec l'incroyance la volonté de se faire enterrer civilement; cette volonté, il l'avait manifestée à ses enfants.

C'est dans ces dispositions que je le trouvai il y a deux mois. Je ne fis d'abord que des visites d'ami; quand j'en arrivai aux visites de prêtre, quand je parlai du bon Dieu, de l'Eternité, un sourire sceptique et des paroles de dénégation accueillirent mes premières tentatives d'apostolat. Je revins souvent sur la question et toujours ce fut la même réponse: «J'ai trop lu, mon cher Monsieur, pour ne pas savoir la fausseté de toutes les religions.» Un miracle seul pouvait sauver cette âme, et ce miracle c'est à l'ange de Lisieux que je le réclamai. Je priai, je fis prier; une neuvaine fut entreprise. Elle n'était pas terminée qu'une nuit le pauvre malade, de lui-même, en pleine connaissance, me fit demander: «Va me chercher Monsieur l'abbé», dit-il à sa femme. Et, cette demande, il la réitéra depuis 1 h. jusqu'à 6 h. du matin. A 6 h., la femme, vaincue par cette persistance, vint me chercher. J'arrivai en toute hâte et en toute joie surtout. Le malade m'accueillit tout heureux; il se confessa, reçut l'Extrême-Onction. Le loup était devenu agneau, l'impie d'autrefois était devenu subitement un chrétien repenti. Oh! ils seront pour moi inoubliables ces instants de retour subit et convaincu vers Dieu. Longtemps j'entendrai dans mon cœur la voix, maintenant éteinte, de ce pauvre malade qui, en embrassant son Christ, lui disait avec une réelle piété: «Seigneur, avez pitié de moi qui vous ai offensé!... Seigneur, je vous aime!... Mon Dieu, pardonnez-moi!...»

Oui, Dieu t'a pardonné, cher ami! Plus heureux que nous, tu jouis maintenant, peut-être, de Celui que tu ne connaissais plus, de Celui que, pendant les huit jours qui suivirent ta conversion, tu prias avec tant d'humilité confiante! Tu me pardonneras d'avoir levé le voile sur tes derniers instants: il s'agissait de glorifier celle qui se fit auprès de Dieu ton avocate et ton sauveur...

L'abbé M.

——

28.

Collège de X., États-Unis, 11 janvier 1909.

      Ma Révérende Mère,

Je viens vous relater, avec une reconnaissance bien profonde, le fait d'une protection merveilleuse dont j'ai été l'objet de la part de votre angélique Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Le 22 septembre 1908, étant à New-York avec notre Révérende Mère, nous eûmes à traverser, pour reprendre le train, un croisement de voies ferrées encombré de voitures, de tramways, d'automobiles, etc. Je crus que notre Mère était passée et je voulus la suivre, mais elle avait vu venir, sans avoir eu le temps de m'en prévenir, un tramway électrique qui me heurta en plein front et me fit tomber. Lorsque le mécanicien parvint à l'arrêter (après un trajet de 5 ou 6 mètres), tout le monde me croyait écrasée et la foule se pressait autour de moi; mais je me relevai sans le moindre mal! Notre Mère s'était approchée, pâle comme sa guimpe... On nous entourait, on voulait m'aider à marcher. Des «reporters» de journaux demandaient mon nom. Notre Mère disait: «C'est une religieuse exilée de France, le bon Dieu a fait un miracle en sa faveur.» Alors on nous laissa passer avec une sorte de respect, bien que la foule augmentât toujours. Pour nous soustraire à une ovation, nous entrâmes dans une maison où l'on nous reçut avec la plus grande bonté et je dis à notre Mère: «C'est la petite Sr Thérèse de l'Enfant-Jésus qui m'a préservée: je l'ai sentie au moment de l'accident.» Et sortant de ma poche une de ses petites photographies que j'avais dans un carnet, je la baisai avec reconnaissance. Depuis, elle ne me quitte plus.

Je ne puis dire quelle impression de surnaturel nous avait envahies. Cependant, les «reporters» nous avaient suivies pour demander des détails. Ils me regardaient avec ébahissement, ne semblant pouvoir admettre que je n'eusse pas été blessée; car sous ces lourdes machines, appelées ici «streets cars» et beaucoup plus volumineuses que nos tramways français, il y a tout un attirail de chaînes qui devraient au moins blesser ceux qui sont dessous. Le mécanicien avait dit à notre Mère que j'avais été enfermée entre les roues avec tant de précision, que c'est comme si la mesure de mon corps avait été prise. Plusieurs journaux ont dû relater le fait.

Enfin, lorsque la foule fut presque dispersée, nous nous dirigeâmes vers la gare, marchant assez vite pour ne pas être suivies de nouveau. Quand nous fûmes installées dans notre compartiment, notre Mère encore tout émue me demanda: «N'avez-vous pas mal à la tête?—Pas du tout, pas plus que si j'étais tombée sur un lit de plumes.—Ne portiez-vous pas vos lunettes bleues quand vous êtes tombée?—Oui, je les avais et les ai remises inconsciemment dans ma poche en me relevant: les voici, elles sont intactes. Je ne sais vraiment, ni comment je suis tombée, ni comment je me suis relevée; tout ce que je puis dire, c'est qu'il m'a semblé pendant quelques instants être dans un autre monde, une puissance surnaturelle agissait.»

Nous convînmes, notre Révérende Mère et moi, de ne parler de cet événement qu'à M. l'Aumônier, pour lui demander une messe d'action de grâces. Cependant, notre Mère crut de son devoir de tout raconter au docteur du couvent. Il vint, me croyant du moins couverte de blessures; mais... rien, pas même une égratignure! et il partagea notre sentiment que cette protection tenait du miracle.